QUALITÉ DE L'EAU DANS LES BOUCLAGES
OU INTERCONNEXIONS
1 PRÉSENTATION
1.1 Refoulement / Distribution
1.2 Les boucles (longues)
1.3 Les liaisons INTERSYNDICALES de secours
2 UTILITÉ DES BOUCLAGES (ouverts)
2.1 La Continuité d'approvisionnement
2.2 Le doublement des débits
2.3 Les réserves pour le futur
3 INCONVÉNIENTS DES BOUCLAGES (ouverts)
3.1 Sens d'écoulement
3.2 Qualité
3.3 Lieu du problème en bouclage ouvert
3.4 La complexité des bouclages ouverts
3.5 La dose de chlore en bouclage ouvert
3.6 Le déplacement des bouchons d'eau stagnante en bouclage ouvert
4 Défense Incendie et Distribution en Bouclage Ouvert
5 La Fermeture Des Bouclages
5.1 La maîtrise du sens d'écoulement implique de fermer les boucles.
5.2 Point de fermeture
5.3 Point de débit nul ou de sens nul
5.4 Méthodes de maîtrise des débits dans une boucle
5.5 Principe de l'ouverture de la boucle en débit important (incendie par ex)
6 Contraintes d'installation
7 Sécurité défense incendie
8 Coûts et Fournisseurs
8.1 Coûts
8.2 Fournisseurs de matériels et vanne différentielle
9 Le cas des secours intersyndicaux
10 Avez-vous tout compris ?
11 Conclusions
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Avant-propos
Cet article très technique s'adresse principalement aux personnes qui connaissent déjà les grands principes de la distribution de l'eau potable. Le profane ne comprendra pas forcément la totalité, mais distinguera seulement le vaste problème de la qualité de l'eau potable distribuée.
La terminologie est parfois du jargon de métier, mais je ne peux l'éviter (sous peine de nombreuses "redéfinitions" pénibles pour les gens de métier à qui s'adressent principalement cet article).
J'ai, au hasard de la vie professionnelle, dirigé un syndicat en régie directe dans la branche eau potable.
La qualité de l'eau potable est une obligation légale difficile à réaliser d'une façon générale et presque impossible dans certaines configurations. Les responsables techniques (publics ou privés), et / ou les maires ont cette difficile tâche à accomplir.
Rien n'est donc jamais parfait, mais il y a toujours des solutions innovantes ou des améliorations à apporter. L'essentiel est donc de réfléchir et de tendre vers un maximum de qualité et de sécurité.
Imaginez vous responsable de la vie de plus de 20 000 personnes, ce n'est pas rien ! Ici, la santé des personnes que vous tenez entre vos mains est un agent motivant, puissant et rien ne compte plus alors.
Cet exposé a pour but de présenter des solutions innovantes qui n'avaient jusqu'alors jamais été réalisées, et d'en assurer une large diffusion pour étayer la réflexion des responsables, directeurs et maires de communes, mais aussi les organismes de formation qui doivent former les jeunes à ce beau métier.
Ces éléments prouvent aussi qu'il n'est pas obligatoirement nécessaire d'être diplômé des grandes écoles d'État pour régler des problèmes complexes…de robinets !
Ces méthodes décrites n'avaient jamais été vues par les fabricants de matériels hydrauliques, et à ma connaissance par personne d'autre, voilà pourquoi il faut réfléchir, car elles n'ont à priori jamais été enseignées en tant que tel…
Ce Syndicat existe et je ne souhaite pas perturber son fonctionnement actuel, et c'est la raison pour laquelle rien n'est cité qui puisse y faire référence. Cela n'apporterait d'ailleurs rien de plus à l'exposé technique qui suivra.
ATTENTION : Cet exposé ne préjuge pas de la qualité initiale de l'eau de la ressource qui doit bien entendu être correcte. (C'est un autre sujet ! )
L'eau potable mérite bien quelques articles et je suis heureux d'y apporter ma modeste contribution de passionné du sujet.
N'oubliez pas de laisser un message si l'article vous a plu ou si vous avez des questions Merci d'avance.
1 PRÉSENTATION
Ce Syndicat fonctionne en régie directe et distribue l'eau potable à plusieurs dizaines de communes rurales et périurbaines et assure toutes les tâches afférentes.
Les communes, parfois de quelques milliers d'habitants, outre l'alimentation humaine, ont aussi d'importants besoins en eau potable pour les animaux de la ferme, mais aussi pour la défense incendie qui doit rester toujours opérationnelle sur l'instant (sans intervention manuelle).
La traçabilité issue des normes industrielles ISO900x impose de pouvoir remonter à la source d'un problème quelconque. Cela n'est pas souvent possible, et c'est bien là la pierre d'achoppement.
Les solutions préconisées dans l'exposé ont été installées avec succès et permettent la traçabilité.
Plusieurs cas typiques de mauvaise qualité de l'eau dus à la stagnation sont traités ci-après. Seuls 2 correspondent à l'exposé.
1.1 Refoulement / Distribution
La traçabilité n'est guère possible dans les fonctionnements en refoulement / distribution (non séparés). Ce mode de fonctionnement plus économique à la construction (une seule canalisation), a de façon native un mauvais fonctionnement pour pouvoir respecter la qualité de l'eau distribuée (Chloration aléatoire avec présence de "bouchons" d'eau à teneur différente en chlore suivant l'activité des pompes).
Ce mode de fonctionnement ne fait pas l'objet de cet exposé, car il n'est pas possible financièrement de revenir sur une décision de construction très ancienne. Il faut vivre avec (jusqu'à l'amortissement) !
Dans les idées ayant une action correctrice dans ce cas, il faut citer la surveillance toute particulière de la chloration en termes de dosage ainsi que la propreté du réseau et des réservoirs. Ce sont les meilleurs atouts pour ne pas rester sans une petite quantité de chlore résiduel et sans pour autant être incommodé lors des périodes de pompage.
Tout incident réseau peut prendre une importance accrue car le chlore peut ne pas être dans une bonne proportion sur l'instant. Il y a donc lieu en outre de contrôler les débits instantanés et les pressions, et en d'autres termes d'exercer une vigilance toute spéciale.
Le mode de fonctionnement étant établi, il affecte globalement la qualité du réseau mais avec une intensité variable pour les cas cités ci-après. (Dépendance de l'état sanitaire initial de l'eau à son arrivée).
Dans ce mode de fonctionnement, et dans les communes à fortes variations de population (vacances été ou hiver), il peut y avoir éventuellement réflexion à tirer avec ce qui suit, principalement dans le chapitre des interconnexions de secours.
1.2 Les boucles (longues)
On parle de bouclages, de boucles ou de maillages. Il s'agit en réalité de la même chose que l'on peut définir ainsi : c'est une distribution en forme d'anneau, alimenté lui-même en un ou plusieurs points.
En campagne, la consommation instantanée des villages répartis sur une boucle longue, ne permet pas de connaître le sens de circulation de l'eau, et des phénomènes de bouchons d'eau stagnante, ou qui vont d'avant en arrière se produisent.
Ces boucles permettent très souvent la défense incendie à 60 M3/h tout au long de la boucle.
Remarquer qu'un bouchon d'eau stagnante n'existe réellement qu'entre 2 communes et jamais dans une commune où les distances sont faibles. (sur le schéma entre D et E par exemple)
Une demande soutenue d'un côté de la boucle peut induire le déplacement d'un bouchon (à très faible vitesse), qui peut avoir plusieurs semaines de stagnation, et l'amener ainsi sournoisement en consommation des usagers d'une commune…
"Le fait de laisser à l'eau, le choix de son chemin" implique que le gestionnaire ou l'exploitant ne maîtrise plus le procédé, et qu'il est incapable de savoir (avec les moyens installés) si l'eau séjourne trop longtemps dans les conduites, voire n'est pas du tout renouvelée.
Ceci doit être considéré à ce jour comme un échec d'exploitation, mais aussi un échec de conception.
Le constat précédent est simple et les professionnels traitent habituellement le problème par une chloration intermédiaire, voire une sur-chloration initiale...(souvent suite à de mauvaises analyses)
Notons donc au passage qu'il ne peut y avoir de référence qualité et d'ISO900x dans la mesure où l'on ne peut pas garantir le temps mis par l'eau pour atteindre son destinataire !...
Le problème initial de la conception un peu "légère" du réseau est acquis, et il s'installe alors une situation de combat des mauvais résultats. L'aspect fonctionnel a été totalement occulté par le fait que le réseau existe et qu'il n'y aurait plus rien à faire…
C'est donc sur ce dernier point que se situe l'erreur, car il y a effectivement des possibilités mais cette fois par des modifications techniques d'EXPLOITATION.
Il y a lieu de combattre le problème à son origine, et c'est dans les paragraphes qui suivent que cela va être expliqué dans les détails, car les intérêts techniques sont divers et nombreux, et les acteurs peu informés.
Combattre le problème à sa source, revient donc à maîtriser le parcours de l'eau, et donc à fermer normalement les bouclages.
? Ceci n'implique pas de "casser" le réseau existant, ni de créer de grosses infrastructures, mais d'insérer simplement un dispositif de fermeture automatique.
1.3 Les liaisons INTERSYNDICALES de secours
Celles-ci sont aujourd'hui nécessaires pour maîtriser la nécessité de continuité du service. Les caractéristiques sont similaires aux longues boucles de campagne.
En effet en Inter Syndicat, les distances sont souvent importantes et les sections également, sans aucune consommation le long.
Ces éléments font que "la seule conduite de secours" contient un volume non négligeable d'eau et que celle-ci n'est pas renouvelée de façon satisfaisante, même si l'on admet qu'un secours doit fonctionner suffisamment pour "vider" cette conduite de façon régulière (parlons d'une fois par semaine pour fixer les idées), et être réellement opérationnel au jour "J".
L'eau de la conduite de secours va donc stagner pendant une semaine et passer ensuite à la distribution des usagers.
A remarquer aussi que chaque syndicat conscient que son confrère va lui facturer l'eau passée, s'arrange alors pour limiter les échanges au strict minimum, et des durées de 6 mois voire plus peuvent exister. Dans ce cas l'exploitant sait qu'il a une purge réseau à effectuer, mais cette démarche n'est pas satisfaisante, car un secours doit toujours être PRÊT, je dirais dans le quart d'heure qui suit.
Là aussi il faudra veiller à la conception de cette interconnexion, et créer un dispositif de régulation qui soit du même type que pour les boucles.
══> A prévoir dès la conception.
2 UTILITÉ DES BOUCLAGES (ouverts)
2.1 La Continuité d'approvisionnement
Les bouclages sont surtout utiles pour permettre la continuité d'approvisionnement et limiter le nombre de foyers privés d'eau lors d'un incident (mais aussi pour assurer des compléments de débit).
L'utilité dans les villes n'est pas à démontrer et rien ne s'oppose à réunir cette immense toile d'araignée à chaque extrémité d'une rue, sauf s'il y a des considérations de section / longueur et de débit particulières.
Dans les campagnes, la fonction initiale est identique, mais le résultat sensiblement différent, car le volume emprisonné dans la conduite par rapport à la consommation peut être très élevé. Le cas le plus typique est une boucle avec une ou plusieurs alimentations et un nombre de communes assez important, réparties le long de cette boucle. (Pour fixer les idées : communes de 50 à 300 habitants et à partir de 500 mètres de canalisations DN 80 -ou plus-, entre communes)
2.2 Le doublement des débits
Ces bouclages apportent les débits conjoints depuis le ou les points d'alimentation souvent pour assurer une défense incendie aux normes en vigueur de 60 M3/h pendant 2 heures en tout point de la boucle.
2.3 Les réserves pour le futur
Les bouclages permettent aussi de travailler sur le futur en donnant les possibilités de débit complémentaires pour les extensions d'urbanisation.
3 INCONVÉNIENTS DES BOUCLAGES (ouverts)
3.1 Sens d'écoulement
Le sens d'écoulement n'est pas maîtrisé et donc la qualité générée. L'aspect du temps de séjour ne l'est pas plus.
Des phénomènes de "bouchons" d'eau stagnante qui naviguent entre deux communes peuvent être mis en évidence par la mesure des taux de chlore (ou les analyses).
3.2 Qualité
Les dépôts des canalisations, au lieu d'être plaqués aux parois des conduites et constituer ainsi le bio-film sont remis en suspension par l'inversion éventuelle du sens. Des bactéries sulfito-réductrices sont souvent détectées dans ces incidents ou lors de mouvements d'eau importants.
3.3 Lieu du problème en bouclage ouvert
Le point précis du problème se situe là où les flux, suivant les consommations peuvent s'inverser.
La naissance de l'inversion des flux ne peut se manifester qu'à hauteur d'une commune et non dans la liaison intercommunale (qui sera le bouchon éventuel d'eau stagnante).
Un simple ratio tel que : volume de boucle / nombre d'habitants de chaque commune devrait permettre de cibler les risques et d'évaluer les temps de séjour le long de la boucle, et d'en déduire les nécessités de correction. (Voir paragraphe 10 pour évaluation du sens d'écoulement…)
A partir de ce point particulier, les débits moyens de chaque côté sont évalués, finalement en simulant que la boucle est coupée entre deux communes !
On en déduit ainsi les temps de séjour tout au long.
Des analyses mauvaises sont aussi, le révélateur d'éventuels problèmes de ce type.
3.4 La complexité des bouclages ouverts
Il faut également reconnaître que les choses simples sont les plus fiables, et qu'un réseau fortement maillé est souvent le siège d'interrogations du fontainier en cas de problèmes sur le réseau.
Ceci est encore accentué lorsqu'il y a plusieurs niveaux de pression. Ça devient réellement complexe et une erreur de manoeuvre est si vite arrivée.
On peut fort bien ne pas remarquer une erreur de manoeuvre, car les réactions d'un réseau ne sont pas immédiates...!
Un autre point à évoquer est encore maintenant, l'absence de schémas corrects et à jour dans certaines zones des réseaux. Ce point est en cours de résorbtion grâce à la vulgarisation de la DAO.
Les maillages complexes sont difficiles à gérer en termes d'exploitation seule. Cette complexité prend toute sa dimension lorsque l'on se pose la question du sens de circulation de l'eau (voir début). La qualité ne peut pas être maîtrisée !
Les bouclages sont souvent nécessaires, mais non une fin en soi. Ils doivent être étudiés et quantifiés en termes de nécessité, de volume d'eau et de temps de séjour avant toute choses.
3.5 La dose de chlore en bouclage ouvert
Pour que les taux de chlore puissent être conformes, et qu'il reste un peu de chlore résiduel en tout point et en tout temps (obligation légale), il y a malheureusement lieu de forcer un peu au départ pour corriger les aléas d'une eau qui peut parfois stagner.
3.6 Le déplacement des bouchons d'eau stagnante en bouclage ouvert
Lors d'un déséquilibre normal d'un réseau, un "bouchon d'eau" peut se déplacer à vitesse lente et "incommoder" ainsi les premiers abonnés à l'entrée d'une commune.
Lors d'un incendie toute la longueur de la boucle est mise en vitesse, et les "bouchons" sont transmis intégralement à travers tout un côté de la boucle. Heureusement ils passeront à grande vitesse et seront dirigés majoritairement "vers l'incendie"…Le risque est donc présent mais limité en termes de durée d'exposition et de quantité.
4 Défense Incendie et Distribution en Bouclage Ouvert
La défense incendie et la distribution de l'eau potable sont par définition même, souvent incompatibles.
Il faut cependant remarquer un point qui est souvent avancé comme argument :
Le débit incendie est assuré par le doublement d'arrivée d'eau d'une branche avec l'autre. Ceci est exact mais le débit pourrait être assuré sans boucle et avec des sections plus importantes (surtout au début). En conclusion l'eau emprisonnée dans un cas comme dans l'autre est à peu près du même ordre de grandeur puisque les vitesses d'écoulement sont du même ordre de grandeur, et que le résultat de 60 M3/H est le même.
"La boucle" permet, à l'inverse d'une antenne, une desserte de surface plus importante et avec des sections moindres et un meilleur ratio des temps de séjour vers les points d'alimentation.
(Une structure en antenne ou en étoile est parfaitement contrôlée d'un point de vue de l'écoulement et donc des temps de séjour à l'inverse d'une maille dont les sens peuvent changer. Dans ce type de distribution, "les derniers seront les plus mal servis" en termes de temps de séjour.)
La mise en vitesse des réseaux en boucle ouverte, suite à un débit incendie, peut se manifester par une remise en mouvement accrue des dépôts, avec apparition d'eau trouble pour l'usager. (Il y a en cas d'inversion de sens un effet complémentaire de décollement du biofilm).
Les difficultés de débit incendie d'un réseau en antenne sont situées plus particulièrement vers la fin du réseau, là où les sections diminuent, et où les vitesses augmentent fortement.
5 La Fermeture Des Bouclages
5.1 La maîtrise du sens d'écoulement implique de fermer les boucles.
Ce titre de paragraphe est le "théorème principal de la qualité de l'eau distribuée". Cette fermeture transforme alors le réseau en anneau en un réseau en étoile dont les caractéristiques sont parfaitement maîtrisées.
C'est la seule façon de pouvoir se réclamer d'ISO900x.
5.2 Point de fermeture
Le point de fermeture est extrêmement important, car le résultat pourrait être pire que de laisser la boucle ouverte.
Par définition, il y a lieu de fermer une boucle "à peu près au milieu" d'une commune de la boucle, et de toutes façons à évaluer en fonction des débits annuels moyens, des sections et des consommations de part et d'autre du point de coupure prévu.
Ce point n'est pas à calculer absolument en fonction d'un équilibre de pression/débit, mais plus particulièrement en fonction des temps de séjour. Le point précis sera apprécié pour que les temps de séjour de chaque côté soient à peu près identiques.
S'il y a une canalisation de section moindre entre deux communes, ce sera souvent le milieu de l'une de ces deux communes qui sera le meilleur point pour installer l'élément de fermeture de boucle.
La réalité est telle que souvent, un compromis sera réalisé entre temps de séjour et pressions à peu près équivalentes, car il n'est pas conseillé que les pressions soient trop différentes.
5.3 Point de débit nul ou de sens nul
Où se situe le point de débit nul et donc de sens nul ? Il est à l'intérieur d'une commune et entre deux branchements d'une façon absolue, car il n'y a aucune consommation entre deux communes (sauf des branchements de pâtures parfois, mais ça ne gêne pas au contraire).
A noter que ce point n'existe pas réellement car il fluctue sans cesse. C'est seulement l'endroit de débit moyen le plus faible de la boucle. Ce point "saute" d'un ou plusieurs branchements, voire de communes, au gré des variations de consommation de chaque côté.
Il est cependant utile de recommander, pour des questions hydrauliques, que le point prévu de fermeture, soit assez proche du point où le débit est le plus faible (égalité des pressions !).
Noter que les pressions différentielles (d'un sens et de l'autre) peuvent être différentes et sont réglables séparément. Ceci est nécessaire principalement si on n'est pas tout à fait à l'équilibre (débit non nul).
5.4 Méthodes de maîtrise des débits dans une boucle
Une vanne manuelle assure parfaitement la fonction mais oblige à une intervention lors d'un incendie, et ne peut pas être une solution recommandée ni acceptable par les Services d'incendie.
Une vanne électrique avec un automatisme de commande est une autre solution. Celle-ci est aussi sans aucune perte de charge, mais a l'inconvénient majeur de la nécessité d'une vanne motorisée électrique, et donc de la présence du secteur EDF.
Un système sur batterie 12 ou 24 V, y compris l'alimentation d'un automate est techniquement possible, mais difficile par l'obligation de panneaux solaires de recharge en milieu d'agglomération, mais aussi par l'aspect maîtrise durable de l'énergie.
Les systèmes électriques doivent temporiser une pleine ouverture pour une durée, car il n'y a aucune information réelle sur le débit, et de toutes façons, le point de fermeture de boucle peut être un peu décalé à un endroit où il y toujours débit. Dans ce cas il est impossible de déterminer si le débit est "normal" ou "incendie".
La temporisation du maintien d'ouverture doit durer le temps d'un incendie, soit environ 24 heures, mais c'est peut être seulement un essai des pompiers ?…
Il est toujours possible d'ajouter un compteur, ou un débitmètre, mais la facture va encore augmenter…!
Il reste la solution du tout hydraulique avec un seul corps de vanne à commande hydraulique par deux "pilotes" commandés par le différentiel de pression, (positif ou négatif) avec une perte maxi de 0.3 bars, indépendante du débit lorsque le seuil d'un pilote est franchi. Il s'agit donc d'une vanne de régulation différentielle. (voir photo)
Cette solution paraît la plus séduisante, bien que le réglage des pilotes de la vanne ne soit pas très aisé.
Les pilotes reçoivent ainsi de part et d'autre d'une membrane, la pression d'un côté du réseau et celle de l'autre. Le franchissement d'une consigne de pression différentielle d'un côté entraîne le pilote correspondant à libèrer ainsi l'eau nécessaire à la commande de la membrane de la vanne cette fois
5.5 Principe de l'ouverture de la boucle en débit important (incendie par ex)
Ce concept est certainement le plus important, car c'est de cette façon que la distribution ET la défense incendie vont pouvoir cohabiter dans un réseau à la fois en étoile et maillé.
En boucle fermée, une demande de débit importante d'un côté va augmenter les pertes de charge du même côté. La pression différentielle entre chaque côté de la vanne normalement fermée va donc augmenter et la pression va baisser du côté du débit important.
Cette augmentation de pression différentielle sera mise à profit par l'équipement, pour agir sur l'ouverture asservie de la vanne (d'un côté comme de l'autre).
6 Contraintes d'installation
La première contrainte est la nécessité d'un regard (placé sous le domaine public). Celui-ci devra être drainé et toujours accessible pour intervention. Il devra en outre être d'une hauteur acceptable pour pouvoir effectuer les réglages de l'appareillage.
Les cotes par rapport à un égout, s'il existe, doivent être favorables.
La nécessité d'installation d'une vanne de chaque côté de l'appareil est évidente, les pièces de démontage sont également à prendre en compte dans les dimensions du regard, et cela amène à des longueurs conséquentes.
Le regard est donc situé à peu près au milieu d'une commune, et il faut le mettre précisément pour que chaque antenne ainsi constituée, soit à peu près équilibrée en termes de temps de séjour. La commune retenue devra avoir la consommation la plus forte possible.
Des évitements de réseaux, des problèmes de hauteur pour l'accessibilité et autres sont nombreux.
Un autre critère important est que le choix de la vanne de régulation nécessite peut-être en plus, des pièces complémentaires, (cônes, BU, BE, MAJOR…), ce qui allonge encore le regard. En effet les meilleures caractéristiques des appareillages hydrauliques du marché sont souvent pour le diamètre 150.
Sur la photo d'un montage en cours de réalisation, il n'y a pas de vanne d'un côté, car celle-ci existe 20 mètres plus loin (bas de la photo), et l'aspect fiabilité/économie à joué dans cette décision.
Ne pas perdre de vue que toute vanne superflue diminue aussi la fiabilité d'un réseau.
Éviter de placer la vanne à commande hydraulique, en point bas pour des questions de dépôts. Éviter de la placer en point haut également pour éviter des coups de bélier à proximité des ventouses.
7 Sécurité défense incendie
Dans cette solution hydraulique, le risque de voir l'appareillage bloqué est prévu et éventuellement compensable par la purge manuelle à l'air libre de la chambre de commande. Il n'est pas absolument nécessaire de mettre une vanne de by-pass en sécurité (toujours pour des questions de coût et fiabilité).
A titre indicatif les forces en jeu à 4 bars sont de l'ordre d'une tonne, et un éventuel blocage ne saurait résister à un tel effort.
Dans le cas d'une solution électrique, le débrayage du moteur électrique permettra la manœuvre.
Il faut cependant relativiser ce risque car en théorie, les poteaux d'incendie doivent être essayés une fois par année, et leur test aura comme conséquence de mettre en œuvre automatiquement ces équipements.
L'absence d'un débit normal permettra de détecter immédiatement un éventuel dysfonctionnement de l'équipement en place.
Cet équipement ne risque pas réellement le blocage par non fonctionnement, car de nos jours, (et malheureusement), les gens du voyage, les entreprises, les remplissages de piscines et bien d'autres se servent impunément aux poteaux d'incendie. Il y a enfin les tests normaux des pompiers. La vanne fonctionne donc réellement !
Pour une sécurité accrue, la position instantanée de la vanne à commande hydraulique peut être retransmise par un système de télégestion, pratiquement sans énergie.
8 Coûts et Fournisseurs
8.1 Coûts
Les coûts sont répartis en 2 grandes postes qui sont le génie civil avec la plus grosse enveloppe financière, et la partie hydraulique qui représente dans la majorité des cas environ 4000 € pour le régulateur hydraulique (sans compter les vannes d'isolement et adaptations diverses pour le démontage).
8.2 Fournisseurs de matériels et vanne différentielle
La partie regard peut bien entendu être commandée à un mouliste béton, mais sera en général coulée sur place tant les spécificités de chaque lieu sont grandes.
La société bien connue près de Lyon fabrique avec sérieux cet appareil spécifique.
9 Le cas des secours intersyndicaux
En secours intersyndical, il y a un problème de stagnation du aux longueurs et sections importantes.
Le problème est identique dans l'esprit avec la nuance que cette fois il faut agir au moment de la conception car il y a nécessité de poser une petite canalisation en parallèle avec l'adducteur.
Sur cette longue conduite, de section importante, on profite toujours d'installer un ou plusieurs poteaux d'incendie pour une ferme isolée ou une ZI proche. Il se reproduit donc le même problème que pour les boucles, à savoir d'avoir de l'eau potable tout au long des jours avec ou sans fonctionnement de l'adducteur de secours et avec la défense incendie.
Plusieurs schémas sont possibles, mais il y aura lieu de privilégier la solution la moins onéreuse en évitant en plus une perte de charge supplémentaire. Ainsi la vanne différentielle sera mieux placée sur une branche latérale. Cette branche latérale remplira de toutes façons sa mission de purge de l'adducteur d'échange.
Dans la solution vanne différentielle sur l'adducteur, cela fonctionne aussi en théorie, mais, il pourrait y avoir cette fois des risques. . Lors des échanges, de nombreux phénomènes transitoires peuvent exister à cause des fortes inerties en cause, des écarts de pression des réseaux....
D'éventuelles surpressions pourraient détériorer les pilotes s'ils sont placés sur la conduite principale
Les pilotes sont mieux protégés sur une canalisation latérale.
Le but final est que la "petite canalisation" pousse l'eau de l'adducteur vers une zone de la commune en l'absence de secours.
Suivant le schéma : vanne sur l'adducteur, aucun branchement ne sera réalisé sur la petite canalisation.
Par opposition, dans le schéma vanne sur la canalisation secondaire, il est même recommandé de mettre si possible des branchements sur cette petite canalisation.
D'autres points aussi, il ne faut pas prendre toute une commune, car on retrouvera d'autres problèmes tels qu'un diamètre de "petite" canalisation trop important en regard de l'adducteur principal d'échange. Tout est une question d'équilibres de tailles, de diamètres etc… Seuls les calculs hydrauliques permettent d'assurer le succès de ces opérations.
Il faudra aussi calculer tous les temps de séjour, et seulement à ce moment on sait si l'opération est réalisable avec un gain réel en qualité.
Il ne faut pas manquer de signaler que si l'adducteur peut être vidé en distribution au plus proche du regard d'échange intersyndical, c'est encore mieux car il n'y a rien à faire.
Mon vieux proverbe est toujours vrai : Plus c'est simple, mieux c'est !
(Le même schéma est reproductible de chaque côté du regard de comptage intersyndical.)
? A prévoir dès la conception.
10 Avez-vous tout compris ?
Si c'est le cas, pouvez vous, en supposant les débit assez stables dans une boucle, vérifier en un point quelconque le sens d'écoulement (sans l'aide d'un compteur naturellement mais seulement avec les poteaux d'incendie, une clef de barrage et un appareil d'écoute).
Cela pourra vous servir pour connaître le sens moyen d'écoulement en un point donné.
Serrez une vanne de sectionnement proche de l'endroit pressenti, pour entendre un passage……Ouvrez doucement un poteau d'incendie en amont d'un côté du point … Au fil de l'ouverture du poteau, le bruit s'amplifie ou au contraire passe par zéro avant de ré-augmenter…
Vous avez 99% de la solution…à vous la suite !
NOTA : Dans la pratique, il peut s'avérer difficile d'avoir des débits assez stables et donc difficile d'entendre de faibles variations de bruit de passage.
11 Conclusions
En d'autres termes on construit les réseaux ou on les renforce sans véritablement accorder l'importance nécessaire aux phénomènes spécifiques d'exploitation. (Temps de séjour ou dysfonctionnements éventuels dus à la structure même).
Ces habitudes de peur de "manquer" en cas de problèmes sont cependant bonnes, et elles doivent être maintenues mais aménagées pour régler les problèmes de potabilité. C'est l'objet de cet article.
Les bouclages maîtrisés sont excellents, et sont les meilleurs.
Le "bouclage des boucles" n'est pas souhaitable car il induit une évidente complexité et il n'y a plus aucune maîtrise réelle des flux.
Se rappeler que les choses simples sont toujours les meilleures.
Pour ceux qui sont réfractaires aux appareils de régulation, qu'ils se rassurent, car dans ce cas, il n'y a jamais de casse, vu que les pressions sont du même ordre de grandeur. (Ce n'est pas le cas pour un réducteur de pression…)
Pour conclure, il me paraît opportun de régler les problèmes à leur origine et ne pas les masquer par une chloration complémentaire qui est néfaste.
Il me semble également que la modélisation d'un réseau ne permet pas de tout appréhender, car les problèmes naissent simplement parce que les consommations ne sont jamais régulières et qu'il est impossible de cadrer des flux dans le temps.
Je vous remercie par avance de votre visite sur le site et de l'intérêt que vous porterez à cet article et à l'eau potable en général.
N'oubliez jamais que l'eau potable c'est tellement simple quand ça coule au robinet ou sous la douche, que ce ne serait pas pensable que quelque chose d'aussi simple fasse défaut. Pourtant si vous ne remarquez rien, ne croyez pas un seul instant, que votre distributeur est aux abonnés absents…
Je pense qu'en moyenne 5 à 10 incidents par petite commune et par année pourraient vous priver d'eau potable pour un "réseau d'âge moyen" ! Le Distributeur veille (Nuit et jour 365 jours par an) et cela n'arrive presque jamais heureusement !
Un dernier petit mot encore, mais ce sera l'objet peut être d'une autre communication… On aura peut-être dans un avenir proche, des réseaux séparés pour l'eau potable et l'eau de défense incendie (ou d'irrigation), mais ces solutions de vannes différentielles seront toujours d'actualité sur le réseau AEP.
Concernant les réseaux autres que AEP, ce ne sera plus nécessaire !
Si l'article vous a intéressé, faites en profiter vos collègues.
Il y a d'autres articles intéressants qui touchent aussi à l'eau potable, dans la maison, voyez aussi pour cela le Blog "bricolsec".
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